Interview d'Annie Bozzo (English version click Here)

J'ai eu la chance de rencontrer Annie Bozzo, une des organisatrices du Festival du Film Fantastique de Bruxelles, et plus spécialement de la compétition de body painting, dans les bureaux de l'association PeyMey. Voici cet interview où elle nous dévoile les coulisses et des souvenirs inédits. Cet article est illustré de quelques photos d'Annie et de photos d'anciennes compétitions. En 2003, la compétition aura lieu le 15 mars.

Question : Quelle est votre histoire personnelle, votre rôle, par rapport à la compétition de body painting et le Festival du Film Fantastique de Bruxelles en général? Comment est venue l’idée de la première compétition?

Annie : C’est le 21e Festival, la 16e compétition de body painting. On a donc fait la première compétition de body painting au 6e Festival en 1988. Dans les premiers festivals, il y avait des compétitions de maquillage visage uniquement. Jean-Pierre Finotto qui était chef maquilleur à l’Opéra de la Monnaie, venait nous aider au stand maquillage. On se demandait avec lui comment étendre cette activité et on s’est dit pourquoi ne pas faire une compétition de maquillage corps? C’est ainsi que cela a commencé. La première édition n’était pas internationale, c’était une compétition belge, avec rien que des candidats venus de Belgique.

L’idée du festival est de présenter toute les formes d’art qui ont un rapport avec le cinéma fantastique, aussi bien des expositions, des week-end scénario, un festival de l’imaginaire, des maquillages effets spéciaux, des défilés insolites plus récemment. On essaie de montrer que le cinéma, ce n’est pas seulement ce que l’on voit sur l’écran, mais que beaucoup d'autres métiers artistiques y contribuent.
La première personne responsable de la compétition de body painting était Gigi Etienne. Elle a préféré passer la main pour des raisons de boulot au 15e Festival. J’ai repris cette responsabilité depuis 6 ans, mais je m’occupe aussi des films et bien d'autres choses, le body painting s'est ajouté au reste…

 

(Annie Bozzo devant des affiches du Festival - Photo (C) by Robert )

Question : Parlez-nous des premières compétitions de body painting. De quand date le sponsoring de Fardel?

Annie : Le sponsoring de Fardel est venu rapidement, la deuxième année, et naturellement. On se demandait qui pourrait nous aider, il y avait bien Kryolan, une grande firme allemande, mais on a cherché au niveau national. Fardel était une toute petite firme, avec deux personnes. Cela leur faisait une vitrine publicitaire, et sans cette collaboration, ils n’avaient pas les moyens d’organiser un tel événement. D'autre part, cela donnait accès à des produits de qualité, et tous les candidats utilisaient les mêmes.

Question : Quelles étaient les particularités des premières compétitions de body painting?

Annie : Pour la deuxième édition, on avait fait une pré-sélection décentralisée, à Gand, et l'année suivante à Liège au cinéma du Parc. Les meilleurs venaient au concours du festival. Dès les premières éditions, il y avait assez de candidats, notre souci est d’avoir une certaine qualité, pour cela on retient environ 15 candidats.


Au début, la compétition de body painting avait lieu pendant la Nuit du Festival Fantastique (ndlr il s’agit d’une nuit entière au cours de laquelle quatre films sont projetés; cela commence tard le soir, et se termine par un petit déjeuner le matin) pour essayer d’habituer le public. Les 800 personnes dans la salle cette nuit assistaient automatiquement à la compétition de body painting. Mais certains voulaient voir le body painting et n’étaient pas spécialement intéressés par la Nuit , il y a eu des problèmes d’overbooking, et on a décidé de séparer le body painting. C’était aussi plus facile pour les candidats qui viennent de l’étranger. Travailler 4, 5 heures pendant la nuit est beaucoup plus contraignant que de travailler pendant la journée.

(Body Painting Competition 1988 - Photo (C) by Raymond Widawski)

Question : Quelle évolution avec-vous observée par rapport aux candidats?

Annie : Il y a plus de candidats, et la qualité esthétique des maquillages est meilleure chaque année. On tombe maintenant dans un autre travers: la qualité est telle que certains candidats n’osent plus se présenter: On a moins de candidats belges, mais il y a plus de candidats internationaux, ils viennent de très loin, l’année passée il y avait deux candidats de Nouvelle-Zélande.

Question : Evolution du public?

Annie : Le public devient de plus en plus exigeant. Il a besoin de mise en scène. On a donc demandé aux candidats, ce qu’on ne faisait pas auparavant, de faire une petite mise en scène, qu’ils apportent de la musique, qu’il y ait un peu de show... Ceci n'est pas toujours facile pour eux, ils sont avant tout maquilleurs.

Question : Quelle est la partie la plus difficile dans l’organisation?

Annie : Ce qui est difficile, c’est que la compétition de body painting a lieu le premier jour après l’ouverture du festival, on débarque au "Passage 44" (ndlr le lieu habituel du Festival) et tout devrair être en ordre point de vue organisation et logistique. Tout est apporté ou arrangé par nous au Passage 44: les vestiaires, la décorations, les ordinateurs. Parfois il y a des problèmes pratiques que l’on n’a pas pu encore règler , comme des pannes d'ordinateurs. De plus, les différentes personnes qui s’occupent du body painting se retrouvent là le matin et il y a beaucoup de choses à expliquer et à mettre au point, plus les candidats qui arrivent de Nouvelle-Zélande, d’Ukraine etc. Il faut expliquer tout le déroulement de la journée en une demi-heure, montrer les lieux, les vestiaires, les douches, rappeler le règlement, tout cela en plusieurs langues! Les explications sont données par les responsablesde Fardel, Jean-Pierre Finotto et moi. Les étudiants de Jean-Pierre guident les candidats tout au long du déroulement de la journée.

Question : Parlez-nous de la pré-sélection.

Annie : La pré-sélection se fait sur photos envoyées, des photos de l’oeuvre que l’artiste fera le jour de la compétition. Le jury de pré-sélection est composé de Jean-Pierre Finotto, Jean-Paul Duriau (de Fardel) et moi.

Le jury le jour de la compétition est un jury international de maquilleurs professionnels (7-8 personnes) avec un invité du Festival, c’était Dario Argento l’année passée.

Question : Avec vous une anecdote, un souvenir particulier?

Annie : Voici ce qui nous a frappé, et nous fait rire encore:
Au début de la compétition de body painting, le string n’était pas obligatoire. Il y avait des modèles qui arrivaient et qui se déshabillaient complètement. Et on ouvrait au public dès le début, une heure environ après que les artistes commencaint. Si bien qu’il y avait des candidats tout nus, et on s’est rendu compte que le service de nettoyage de la galerie du Passage 44 prenaient leur chaise et s’installaient, avec leur balai et leur seau, en uniforme et en rang d’oignons, pour regarder les modèles! Il y avait un petit problème! Les modèles ne semblaient pas gênés, mais nous, cà nous embêtait, car ce n’était pas supposé être une vitrine pour venir voir des filles et des hommes tout nus! Primo on a exigé le string, et deux, on a ouvert les portes au public à partir de 13H, lorsque les modèles sont déjà partiellement maquillés.

(Body Painting Competition 1992 - Photo (C) by Raymond Widawski)

Question : Avez-vous des souhaits particuliers pour le futur?

Annie : Notre rêve, c’est d’agrandir la compétition de body painting, de la faire dans un espace plus grand, et de faire la compétition. Une plus grande salle où il serait plus facile pour le public de circuler. D’ailleurs, cette année, on va essayer une autre disposition dans ce but. Si on fait le body painting dans un autre endroit, le désavantage, c’est un travail d’infrastructure supplémentaire, donc plus de boulot, plus une location, et ce n’est pas évident de rentrer dans nos frais! Pour le reste, on est content de la compétition actuelle et de la qualité.

(ndlr)
Merci à Annie pour son accueil et longue vie au Festival de Bruxelles et à la compétition de body painting!

(Body Painting Competition 1997 - Photo (C) by Raymond Widawski)

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